Lors de ton
arrivée dans la région, la SEMLH était présidée par le Général SICRE -
éminente personnalité des hélicoptères et de l’armée de l’Air - nous
avons une pensée très respectueuse pour notre ancien chef, trop tôt
disparu.
Tu
deviendras trésorier de l’association pour de nombreuses années, tandis
que ta fille Marianne fera des études à l’Ecole de la Légion d’Honneur.
C’est dire ton attachement à notre Ordre.
Tu es entré
dans l’Armée de l’Air en 1949. Après ton admission à l’Ecole militaire
de L’Air à Salon de Provence, tu suis la formation de pilote avion à
Marrakech, puis la spécialisation chasse à Meknès.
Survient la
guerre d’Algérie et tu effectues une transformation sur hélicoptères en
1957 à la DIH de Chambéry. Ce sera l’occasion de notre première
rencontre car je suis l’un de tes moniteurs.
Tu es
affecté en Algérie à l’EH2 Oran, où tu accomplis tes premières missions
sous les ordres du prestigieux Colonel Brunet, héros légendaire,
créateur avec le Colonel Bigeard, des premiers hélicoptères d’assaut.
Tu reviens à
Chambéry pour une spécialisation sur hélicoptères lourds H34. Je te
rejoins en Algérie fin 1958 et nous travaillerons ensemble jusqu’en
1962. Tu commandais la 1ère
Escadrille et moi la seconde.
Tu
deviendras leader de la formation lourde, commandant de bord
d’hélicoptère armé et chef de dispositif.
Engagé en
première ligne en tant que leader, tu avais le « privilège » de te poser
le premier et de subir en toute priorité le tir adverse.
Tu
participeras à toutes les grandes opérations: Ouarsenis, Etincelle,
Jumelles en Kabylie, puis ce sera le grand sud à Ain Sefra.
Tes
équipages te respectaient pour ta droiture, ta grande prudence pour les
engager, l’exemple que tu leur donnais en effectuant les évacuations
sanitaires de jour et de nuit - missions réputées les plus dangereuses
par les difficultés techniques de pilotage et parce qu’elles avaient
lieu le plus souvent au contact direct de l’adversaire. Tu sauveras
ainsi des centaines de blessés suscitant l’admiration des troupes au sol
et du commandement.
Tu
commandais avec ton cœur et tes compétences, ce qui te conférait une
autorité naturelle et le respect de tous.
Je me
souviens d’une opération sue le djebel Béchar au cours de laquelle ton
appareil a été pris sous le feu d’armes automatiques au moment de
l’atterrissage. Calmement, tu as dégagé ton dispositif tandis qu’après
quelques minutes ton moteur prenait feu et que tu réussissais un
atterrissage d’urgence en autorotation sauvant ainsi les commandos
héliportés et ton équipage.
Tu rentres
d’Algérie en 1962, tu totalises alors 2 000 heures de vol dont 1 036
missions au titre du maintien de l’ordre.
Tu es
Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel,
titulaire de la Croix de la Valeur Militaire avec 5 citations - 2 à
l’ordre de l’Armée et 3 à l’ordre du Corps aérien - médaille d’or du
Service de Santé pour le sauvetage de centaines de blessés et de
nombreuses lettres et témoignages de satisfaction des troupes au sol.
En 1962, tu
rentres en France et tu es affecté en Escadre opérationnelle à Saint
Dizier jusqu’en 1967, date à laquelle tu quittes volontairement l’Armée
de l’Air pour une reconversion dans le civil. Tu deviendras professeur
de mathématiques au lycée de Caussade. Là encore, tu feras une brillante
carrière que je connais moins.
Au nom de
tous tes frères d’armes de l’Association des Hélicoptères Air, des
Vieilles Tiges, de la SEMLH, de l’ANOCR et de l’AOR, dont certains ont
tenu à venir aujourd’hui te rendre ce dernier hommage, nous nous
inclinons devant la douleur de Madeleine ton épouse, de Marianne ta
fille, de Nicole ta sœur, et de tous les membres de ta famille.
Que ton
dernier vol soit doux et qu’il te conduise vers l’escale que tu mérites.
Colonel Pierre FAROUX, représentant l’Association des
Anciens des Hélicoptères Air (AHA)
et le Groupement « Didier Daurat » des « Vieilles Tiges »
de Toulouse
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