Décès du Capitaine Pierre MANTON

Chevalier de la légion d'honneur

Décédé le 25 décembre 2010

Mon cher Pierre,

Mesdames, Messieurs,

C’est au nom de l’Association des Hélicoptères Air et du Groupement des Vieilles Tiges, dont le président régional, le Commandant Pierre Beder, est ici présent, que j’ai l’honneur de retracer ta brillante carrière.

Je tiens à remercier le Lieutenant-colonel Wierzbinski et les légionnaires de la Société d’Entraide des Membres de la Légion d’Honneur du Tarn et Garonne.

Ils ont tenu à te rendre un dernier hommage dans le strict respect du cérémonial militaire : nous saluons leur drapeau.

Lors de ton arrivée dans la région, la SEMLH était présidée par le Général SICRE - éminente personnalité des hélicoptères et de l’armée de l’Air - nous avons une pensée très respectueuse pour notre ancien chef, trop tôt disparu.

Tu deviendras trésorier de l’association pour de nombreuses années, tandis que ta fille Marianne fera des études à l’Ecole de la Légion d’Honneur. C’est dire ton attachement à notre Ordre.

Tu es entré dans l’Armée de l’Air en 1949. Après ton admission à l’Ecole militaire de L’Air à Salon de Provence, tu suis la formation de pilote avion à Marrakech, puis la spécialisation chasse à Meknès.

Survient la guerre d’Algérie et tu effectues une transformation sur hélicoptères en 1957 à la DIH de Chambéry.  Ce sera l’occasion de notre première rencontre car je suis l’un de tes moniteurs.

Tu es affecté en Algérie à l’EH2 Oran, où tu accomplis tes premières missions sous les ordres du prestigieux Colonel Brunet, héros légendaire, créateur avec le Colonel Bigeard, des premiers hélicoptères d’assaut.

Tu reviens à Chambéry pour une spécialisation sur hélicoptères lourds H34. Je te rejoins en Algérie fin 1958 et nous travaillerons ensemble jusqu’en 1962. Tu commandais la 1ère Escadrille et moi la seconde.

Tu deviendras leader de la formation lourde, commandant de bord d’hélicoptère armé et chef de dispositif.

Engagé en première ligne en tant que leader, tu avais le « privilège » de te poser le premier et de subir en toute priorité le tir adverse.

Tu participeras à toutes les grandes opérations: Ouarsenis, Etincelle, Jumelles en Kabylie, puis ce sera le grand sud à Ain Sefra.

Tes équipages te respectaient pour ta droiture, ta grande prudence pour les engager, l’exemple que tu leur donnais en effectuant les évacuations sanitaires de jour et de nuit - missions réputées les plus dangereuses par les difficultés techniques de pilotage et parce qu’elles avaient lieu le plus souvent au contact direct de l’adversaire. Tu sauveras ainsi des centaines de blessés suscitant l’admiration des troupes au sol et du commandement.

Tu commandais avec ton cœur et tes compétences, ce qui te conférait une autorité naturelle et le respect de tous.

Je me souviens d’une opération sue le djebel Béchar au cours de laquelle ton appareil a été pris sous le feu d’armes automatiques au moment de l’atterrissage. Calmement, tu as dégagé ton dispositif tandis qu’après quelques minutes ton moteur prenait feu et que tu réussissais un atterrissage d’urgence en autorotation sauvant ainsi les commandos héliportés et ton équipage.

Tu rentres d’Algérie en 1962, tu totalises alors 2 000 heures de vol dont 1 036 missions au titre du maintien de l’ordre.

Tu es Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel, titulaire de la Croix de la Valeur Militaire avec 5 citations - 2 à l’ordre de l’Armée et 3 à l’ordre du Corps aérien - médaille d’or du Service de Santé pour le sauvetage de centaines de blessés et de nombreuses lettres et témoignages de satisfaction des troupes au sol.

En 1962, tu rentres en France et tu es affecté en Escadre opérationnelle à Saint Dizier jusqu’en 1967, date à laquelle tu quittes volontairement l’Armée de l’Air pour une reconversion dans le civil. Tu deviendras professeur de mathématiques au lycée de Caussade. Là encore, tu feras une brillante carrière que je connais moins.

Au nom de tous tes frères d’armes de l’Association des Hélicoptères Air, des Vieilles Tiges, de la SEMLH, de l’ANOCR et de l’AOR, dont certains ont tenu à venir aujourd’hui te rendre ce dernier hommage, nous nous inclinons devant la douleur de Madeleine ton épouse, de Marianne ta fille, de Nicole ta sœur, et de tous les membres de ta famille.

Que ton dernier vol soit doux et qu’il te conduise vers l’escale que tu mérites.

Colonel Pierre FAROUX, représentant l’Association des Anciens des Hélicoptères Air (AHA)

et le Groupement « Didier Daurat » des « Vieilles Tiges » de Toulouse