Aussi, c’est avec beaucoup de discrétion que je vais essayer de rappeler
ce passé militaire qui fut sa vie et dont les mérites ont été reconnus
par la Nation ; mérites qui lui ont valu d’accéder aux plus hautes
distinctions que notre République attribue à ses serviteurs fidèles, je
veux parler bien entendu de l’Ordre de la Légion d’Honneur, mais aussi
de celui de l’Ordre National du Mérite.
Les
admissions dans ces deux grands ordres nationaux ne sont pas, vous le
savez bien, le fait du hasard, mais elles sont bien celui d’un parcours
militaire irréprochable effectué pendant 37 années passées au service de
la France, en métropole, mais aussi à l’étranger ; parcours militaire
que vous avez suivi, vous madame, en partageant, comme vous me l’avez
rappelé hier encore, toutes les joies, mais aussi parfois les
souffrances ; souffrances que vous avez toujours su accepter et
surmonter ensemble, comme un couple très uni sait le faire.
Ainsi, c’est un peu par hasard, en voulant échapper au STO, que Jean VIÉ
entre dans la gendarmerie le 19 août 1942, comme Gendarme à SAINT-BEAUZELY,
dans l’Aveyron.
Le
jeune gendarme est affecté ensuite à VICHY le 6 janvier 1943, où il
occupe une fonction délicate, celle d’assurer la garde personnelle du
chef de l’Etat. Il exerce cette fonction à responsabilité jusqu’au
1er janvier 1944, date à laquelle il est affecté à la gendarmerie de
MOISSAC, puis à celle de TOULOUSE.
Le 1er
novembre 1946, il est nommé au grade de Maréchal des logis, il est alors
muté à la brigade de gendarmerie de FOIX où sa manière de servir et son
comportement lui permettent d’être sélectionné pour postuler au concours
des officiers de la Gendarmerie.
Ayant réussi ce concours difficile, il est alors admis à l’Ecole des
Officiers de la Gendarmerie Nationale de MELUN le 6 octobre 1948. Il en
sort avec le grade de sous lieutenant le 1er octobre 1949, et embrasse
dès lors la carrière d’officier de gendarmerie. Son classement de sortie
d’école lui permet d’obtenir une affectation de choix dans une
prestigieuse unité de gendarmerie, celle de la Garde Républicaine de
Paris.
Nommé au grade de lieutenant, le 1er octobre 1951, s’en suivent alors de
nombreuses affectations qui le conduiront de PARIS au TONKIN de 1952 à
1955 ; durant ce séjour en Extrême-Orient il se fait remarquer par son
action face à l’ennemi, ce qui lui vaut d’obtenir une citation à l’ordre
de la Division.
Il
quitte le TONKIN pour rejoindre la métropole où il est affecté le 12 mai
1955 à l’escadron de Gendarmerie Mobile de NARBONNE. Un nouveau départ
outre-mer l’a conduit en TUNISIE, où il séjourne pendant six mois, du 30
janvier 1956 au 27 juin 1956.
Rapatrié de TUNISIE, il est affecté à la Gendarmerie Départementale de
GOURDON où il exerce les fonctions de commandant de compagnie et reçoit
ses galons de capitaine le 1er avril 1958.
Il
quitte GOURDON le 30 avril 1959, pour commander une nouvelle compagnie à
CHATEAUDUN.
A
l’issue de son temps de commandement, il quitte CHATEAUDUN pour une
nouvelle affectation en gendarmerie mobile à BAYONNE, où il prend le
commandement d’un escadron le 1er janvier 1962. Cette affectation le
mènera en ALGERIE pour un séjour de cinq mois, du 21 février au 29
juillet 1962.
Nommé au grade de chef d’escadron, le 1er juin 1968, il prend la tête du
groupement mobile de MONT DE MARSAN et y demeurera jusque en 1973.
Affecté au mois d’avril 1973 dans les Forces Françaises en Allemagne, il
rejoint la Prévôté de la 1ère Division Blindée à TREVES le 1er avril. C’est
au cours de ce séjour, le 1er avril 1975 qu’il est promu au grade de
Lieutenant-Colonel.
Atteint par la limite d’âge de son grade, il quitte le service actif et
rejoint la métropole le 30 avril 1978, date à laquelle il est admis à la
retraite. Il se retire à MONTAUBAN.
Le
12 juillet 1978, il est promu au grade de colonel dans la réserve.
Toujours discret sur son passé, y compris avec ses proches, il n’en
parlait que très peu. Mais il n’en demeure pas moins qu’il était resté
profondément attaché à l’Armée qui fut sa vie, ainsi qu’aux symboles de
la France. Il manifestait cet attachement en participant, tant que sa
santé lui a permis de le faire, aux diverses manifestations
d’associations, telles que celles de la SEMLH, de l’ONM, mais aussi de
l’AOR et de l’ANOCR.
Ses
actions, son dévouement au service de son pays, les sacrifices qu’il a
consentis au service de la Gendarmerie, ses brillants états de service,
lui ont valu la reconnaissance de la Nation, reconnaissance qui s’est
concrétisée par l’attribution de la Croix du Combattant, de la Croix de
Guerre TOE avec une citation à l’ordre de la Division, mais également
cette reconnaissance a été concrétisée par l’accession aux plus hautes
distinctions françaises que sont l’Ordre National du Mérite, avec le
grade d’Officier, ainsi que celle de la Légion d’Honneur, le plus
prestigieux des ordres nationaux, avec le grade de chevalier.
Aussi, madame, je vous remercie, au nom de mes camarades légionnaires,
d’avoir bien voulu accepter de me permettre de retracer, en guise
d’hommage et d’adieu, le parcours de l’un des nôtres.
Nous savons que le colonel VIÉ a toujours été très attaché à son passé
militaire et particulièrement à la Légion d’Honneur, tout comme à
l’Ordre National du Mérite. Il en était à juste titre très fier. Aussi,
si nous sommes ici, aujourd’hui, à vos côtés, resserrés autour de notre
drapeau, c’est pour en témoigner et lui dire ADIEU !
Colonel (h) Norbert
OTTOLINI
Président du comité SEMLH de
MONTAUBAN
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