Les Vécus de nos Adhérents

          Réception du Général PACHABEYIAN à l'Académie.

 

     Le Général PACHABEYIAN Jean-François, de la promotion de Saint-Cyr Maréchal BUGEAUD,
a été reçu comme membre titulaire à l'Académie des Sciences - Belles lettres - Arts - Encouragement de Montauban le 4 février 2008.    

 

     

Du génocide à l'intégration

            

           Le nouvel académicien a retracé dans sa conférence les avatars de son père, issu d’une famille arménienne de Cilicie, confronté aux événements douloureux subis par le peuple arménien au début du XX° siècle. Guiragos Pachabeyian survivra au génocide de 1915, aux massacres de Smyrne en 1922 , pour gagner avec les survivants de sa famille la France qui les accueillera .

           Les Arméniens avaient commencé à s’implanter en Cilicie au 1° siècle avant J.C. Ils y vécurent sous la domination alternative de l’Empire Byzantin et du Califat de Bagdad jusqu’à la 1ére croisade qui favorisa l’établissement d’un « Royaume arménien de Cilicie » qui perdurera pendant près de deux siècles avant d’être conquis par les Turcs. Des la fin du XIX° siècle, devant les revendications arméniennes pour l’obtention d’une certaine autonomie, l’Empire Ottoman organisa une répression se traduisant par le massacre de centaines de milliers d’Arméniens . Cette répression connut son apogée en 1915 avec la déportation des arméniens  dans les déserts de Syrie et de Mésopotamie . La famille Pachabeyian quitta donc Sis, sa ville de résidence, pour rejoindre Alep puis Hama .Ils eurent la chance d’être parmi les rares survivants, et , en 1919, la défaite des Turcs ayant entraîné l’occupation de la Cilicie par l’Armée Française, ils purent rentrer chez eux . Leur espoir d’une Cilicie autonome sous protection française ne dura pas, car en 1921 la France renonçant à la Cilicie retirait son corps expéditionnaire , contraignant les Arméniens à l’exil devant le retour des troupes de Mustapha Kemal . Réfugiés à Smyrne , alors occupée par les Grecs, ils ne connurent qu’un court répit puisqu’en 1922, les Turcs prirent et incendièrent la ville en massacrant Grecs et Arméniens. Parvenant à s’échapper à bord d’ un navire de guerre français , ils débarquèrent à Marseille en novembre 1922 .Devenu chef de famille à 17 ans( ses grands-parents assassinés à Sis, son père assassiné à Smyrne), il se mettra au travail pour subvenir aux besoins des siens. Sans illusion aucune sur l’éventualité d’un retour en Cilicie, il jouera à fond la carte de l’intégration. S’essayant à plusieurs métiers, il choisira celui de philatéliste dans lequel il se taillera une bonne réputation d’expert. Epousant une française, il lui laissera toute latitude pour donner à leurs enfants une éducation pleinement française. Ayant un statut d’apatride, n’étant pas mobilisable, il s’engagera en 1939 pour se battre dans les rangs de sa patrie d’adoption . Lorsqu’il décédera à Paris en 1989, à l’âge de 84 ans, il aura le sentiment, comme se définira plus tard  Charles Aznavour, d’avoir une âme française à 100% et  un cœur français à 95% car gardant au fond de ce cœur une petite place pour l’Arménie de sa jeunesse et de ses ancêtres.