Après les communications effectuées, l’une à l’académie
de Montauban par le Colonel REVERDY en 1978, l’autre à
la Société
archéologique de Tarn et Garonne par le Colonel SEGUELAS en 1990 à
l’occasion du bicentenaire de la mort du “ soldat
philosophe ”, peu de gens devraient ignorer que la
naissance de Jacques, Antoine, Hippolyte, comte de GUIBERT est bien
datée du 12 novembre 1743 dans cette ville en l’hôtel familial
situé au n° 2 de la rue d’Élie.
On ne peut que regretter la persistance des encyclopédies à
la situer en 1742 à ROMANS d’où est issue sa mère et les
indications erronées qui perdurent sur différents sites édifiés à
sa mémoire.
GUIBERT est d’abord, à l’image de son père, un soldat qui
dès l’âge de 13 ans et demi participe à ses côtés aux campagnes
désastreuses de “ la
guerre de sept ans ” (1756-1763). Il découvre ainsi les
nouvelles techniques employées avec succès par le roi - soldat
FREDERIC II de PRUSSE. Les nombreuses notes prises sur les champs de
bataille lui serviront à la rédaction en 1767 de son œuvre
magistrale
“
Essai Général de Tactique ”,
ouvrage révolutionnaire que FREDERIC II conseille à la lecture de
ses généraux.- Livre de chevet du jeune BONAPARTE, il annonce les théories
soutenues un siècle après par CLAUSEWITZ
et bien plus tard par de GAULLE.
Après
une dernière campagne en CORSE qui s’achève en 1769, le colonel de
GUIBERT partage son temps entre son œuvre littéraire
et des voyages dans différents pays d’EUROPE, notamment en PRUSSE où
il est reçu avec les honneurs par FREDERIC II.
En
1772, il rencontre “ la muse des encyclopédistes ”,
JULIE de LESPINASSE, à qui il inspire une réelle passion. Elle lui
ouvre les portes du célèbre SALON qu’elle anime rue BELLECHASSE
avec d’ALEMBERT et TURGOT et que
fréquentent les philosophes, les historiens, les économistes
les plus marquant de l’époque
ainsi que les hommes politiques influents du moment .
Il doit aux efforts conjoints de son père, général, futur
gouverneur des Invalides, et de JULIE, d’être appelé par le comte
de Saint GERMAIN, ministre de la guerre.
1776
apporte à GUIBERT une série de revers. La mort prématurée de
JULIE, la disgrâce de ses protecteurs – TURGOT, MALESHERBES, le
comte de St GERMAIN – qui met fin au “ régime
des philosophes ”, l’écartât des milieux influents de
la Cour. Toutefois
, en 1780, le marquis de SEGUR, nouveau ministre de la guerre qui
l’avait bien connu en CORSE, fait appel à lui pour réorganiser
l’armée selon ses théories. Il est nommé maréchal de camp
le 5 novembre 1781.
Le 13 février 1786, il est reçu à l’Académie Française
mais les intrigues de
la Cour
et celles de ses pairs, inhérentes à ses théories militaires, à
ses doctrines sociales avancées, à ses réquisitoires contre
l’absolutisme, la corruption et les privilèges, font échouer sa
candidature aux États Généraux.
La vente de sa propriété de FONNEUVE en 1789 achève de le désabuser
et il meurt le 16 mai 1790 à l’âge de 46 ans délaissé par la
faveur populaire.
La ville de Montauban conserve fidèlement avec la caserne
GUIBERT et le buste réalisé par son contemporain HOUDON exposé au
musée INGRES, le souvenir de ce citoyen courageux qui fut un écrivain
distingué et un précurseur non seulement dans le domaine militaire
mais également dans l’évolution du concept d’une nouvelle société
fondée sur le mérite.
[1] :
Fils d’un officier de FREDERIC II.
[2] :
Plusieurs sujets d’ordre militaire mais aussi quelques tragédies.
[3] :
D’ALEMBERT mais aussi DIDEROT, CONDORCET, VOLTAIRE, MONTESQUIEU,
ROUSSEAU, etc...
[4] :
TURGOT, MALESHERBES.
[5] :
Rang d’officier général.
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