Caserne GUIBERT

« Souvenir qui passe, la vieille caserne oubliée ... »

                                                                                                   Colonel LABRUNE

  La caserne GUIBERT construite de 1874 à 1878 porte le nom d’un montalbanais qui conquit la célébrité au cours de la deuxième moitié du XVIII °  siècle. Dans cette période pré révolutionnaire, dite “ Ère des lumières ”, extraordinairement fertile aux plans philosophique, littéraire et artistique.

           

            Après les communications effectuées, l’une à l’académie de Montauban par le Colonel REVERDY en 1978, l’autre à la Société archéologique de Tarn et Garonne par le Colonel SEGUELAS en 1990 à l’occasion du bicentenaire de la mort du “ soldat philosophe ”, peu de gens devraient ignorer que la naissance de Jacques, Antoine, Hippolyte, comte de GUIBERT est bien datée du 12 novembre 1743 dans cette ville en l’hôtel familial situé au n° 2 de la rue d’Élie. 

            On ne peut que regretter la persistance des encyclopédies à la situer en 1742 à ROMANS d’où est issue sa mère et les indications erronées qui perdurent sur différents sites édifiés à sa mémoire.

            GUIBERT est d’abord, à l’image de son père, un soldat qui dès l’âge de 13 ans et demi participe à ses côtés aux campagnes désastreuses de “ la guerre de sept ans ” (1756-1763). Il découvre ainsi les nouvelles techniques employées avec succès par le roi - soldat FREDERIC II de PRUSSE. Les nombreuses notes prises sur les champs de bataille lui serviront à la rédaction en 1767 de son œuvre magistrale

“  Essai Général de Tactique ”, ouvrage révolutionnaire que FREDERIC II conseille à la lecture de ses généraux.- Livre de chevet du jeune BONAPARTE, il annonce les théories soutenues un siècle après par CLAUSEWITZ [1] et bien plus tard par de GAULLE.

Après une dernière campagne en CORSE qui s’achève en 1769, le colonel de GUIBERT partage son temps entre son œuvre littéraire [2] et des voyages dans différents pays d’EUROPE, notamment en PRUSSE où il est reçu avec les honneurs par FREDERIC II.

En 1772, il rencontre “ la muse des encyclopédistes ”, JULIE de LESPINASSE, à qui il inspire une réelle passion. Elle lui ouvre les portes du célèbre SALON qu’elle anime rue BELLECHASSE avec d’ALEMBERT et TURGOT et que  fréquentent les philosophes, les historiens, les économistes les plus marquant de l’époque [3] ainsi que les hommes politiques influents du moment [4].

            Il doit aux efforts conjoints de son père, général, futur gouverneur des Invalides, et de JULIE, d’être appelé par le comte de Saint GERMAIN, ministre de la guerre.

1776 apporte à GUIBERT une série de revers. La mort prématurée de JULIE, la disgrâce de ses protecteurs – TURGOT, MALESHERBES, le comte de St GERMAIN – qui met fin au “  régime des philosophes ”, l’écartât des milieux influents de la Cour. Toutefois , en 1780, le marquis de SEGUR, nouveau ministre de la guerre qui l’avait bien connu en CORSE, fait appel à lui pour réorganiser l’armée selon ses théories. Il est nommé maréchal de camp [5] le 5 novembre 1781.

            Le 13 février 1786, il est reçu à l’Académie Française mais les intrigues de la Cour et celles de ses pairs, inhérentes à ses théories militaires, à ses doctrines sociales avancées, à ses réquisitoires contre l’absolutisme, la corruption et les privilèges, font échouer sa candidature aux États Généraux.

            La vente de sa propriété de FONNEUVE en 1789 achève de le désabuser et il meurt le 16 mai 1790 à l’âge de 46 ans délaissé par la faveur populaire.

            La ville de Montauban conserve fidèlement avec la caserne GUIBERT et le buste réalisé par son contemporain HOUDON exposé au musée INGRES, le souvenir de ce citoyen courageux qui fut un écrivain distingué et un précurseur non seulement dans le domaine militaire mais également dans l’évolution du concept d’une nouvelle société fondée sur le mérite.

 



[1] : Fils d’un officier de FREDERIC II.

[2] : Plusieurs sujets d’ordre militaire mais aussi quelques tragédies.

[3] : D’ALEMBERT mais aussi DIDEROT, CONDORCET, VOLTAIRE, MONTESQUIEU, ROUSSEAU, etc...

[4] : TURGOT, MALESHERBES.

[5] : Rang d’officier général.

 

 

 

 

 

 

 

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