4. La bataille d'Orléans et la rencontre de Jeanne d'Arc.

            A partir de septembre 1428, ORLÉANS se met en état de défense. Les milices bourgeoises renforcent la garnison de vieux routiers. Les villes favorables envoient des vivres, de l’argent, des produits de guerre (salpêtre, soufre, acier). Tous les capitaines alentours se replient dans la cité. LA HIRE est de ceux là, avec le bâtard JEAN D’ORLÉANS et XAINTRAILLES.

            Nommé CONSEILLER ROYAL à titre militaire, il fait de fréquentes navettes entre ORLEANS et CHINON pour assister aux réunions du CONSEIL de COUR et côtoie les personnages importants de l’entourage du roi tels LA TREMOÏLLE, RENAULT de CHARTRES. Les renforts continuent d’arriver et LA HIRE les escorte en ville : ce sont des éléments d’infanterie d’ITALIE et d’ESPAGNE au milieu des POITEVINS, GASCONS et ÉCOSSAIS  qui se mêlent à ses COMMINGEOIS, BASQUES et GASCONS «  tous convoiteux de titres de gloire et de quartiers de noblesse ». Le frère bâtard d’ETIENNE est là...

« Ce ne sont pas tous fine fleur de chevalerie » mais  « dans l’anarchie du siècle et l’ambiguïté de la cause, leur volonté de service les réhabilite mieux aux yeux de l’Histoire que des lettres de rémission »..

                Le siège commence le 12 octobre 1428, après la prise de quelques places alentours comme BEAUGENCY, JANVILLE et MEUNG. Il va durer jusqu’au 8 mai 1429. Le journal du siège tenu par un rédacteur  anonyme renseigne au jour le jour sur le détail des opérations qui débutent le 23 octobre par la perte du FORT des TOURELLES commandant l’accès au pont sur la LOIRE. Par contre, SALISBURY y laisse la vie. LA HIRE qui a la confiance du roi , est chargé de l’informer de la situation et d’obtenir des secours.. Il apparaît avec son entourage de GASCONS comme l’âme de la défense de la ville, faisant preuve de mordant, intensifiant la défensive et les sorties. L’une d’elles, effectuée en force à ROUVRAY contre un convoi de ravitaillement, tourne au désastre et au ridicule : C’est la JOURNÉE DES HARENGS du 12 février 1429, qui a un retentissement très important, notamment celui « d’ouvrir à VAUCOULEURS (1) la porte de la FRANCE à JEANNE d’ARC ». JEANNE partie vers le 23 février, arrive à  
CHINON le 6 mars, (2) « sa légende la suivant déjà en croupe ».

                La spontanéité d’accueil de JEAN D’ALENÇON et de LA HIRE furent pour elle « les prémices de son crédit et des premiers symptômes de l’accomplissement de sa mission ». LA HIRE est conquis par son esprit de décision et  « par ce qu’elle a d’autorité, c’est à dire le don du commandement ». Elle, de son côté, découvre « quel vaillant cœur et quel dévouement à la cause du roi se cache sous l’écorce et les manières grossières du capitaine ». Une transformation s’effectue en lui, même s’il déplore que « jurer par sa canne et son  martin (3) allège moins un foudre de guerre que la sonorité du patois natal ».

                Il n’est plus qu’un aide de camp et le garde du corps quant à l’aube du vendredi 29 avril 1429 en compagnie de son frère ARNAUD-GUILLAUME, JEAN LE BÂTARD, GILLES de RAITZ et bien d’autres, 3000 hommes d’armes, 60 chariots de vivres, 435 charges de bestiaux se présentent devant ORLÉANS avec JEANNE. Désormais, l’activité de LA HIRE va s’effectuer dans son sillage, à la manière d’un chevalier servant et ce, jusqu’au 8 mai, jour où les ANGLAIS lèvent le siège de la ville.

                Après un conseil de guerre qui révèle des divergences de vues entre les chefs, CHARLES VII décide en priorité de « nettoyer la rivière de LOIRE » et confie cette mission au duc d’ALENÇON avec 8000 hommes dont 600 lances et l’élite des capitaines français, notamment le bâtard d’ORLÉANS, le maréchal de RAITZ, LA HIRE,  XAINTRAILLES  et bien sûr JEANNE. Après la prise de JARGEAU où se distingue ARNAUD-GUILLAUME de VIGNOLES et la capitulation de BEAUGENCY, les ANGLAIS se replient vers la BEAUCE. Ils sont rejoints à PATAY où  ils subissent une défaite historique  (4) que la  « renommée »  attribue  en grande partie à l’action de LA HIRE et XAINTRAILLES.

 

(1) qui est en état de capitulation suspensive ?

(2) réserves émises par REGINE PERNOUD sur ces dates.

(3) pour assourdir ou refouler ses habituels « DIOU BIBAN. »

(4) « la plus grande tuerie qui venge AZINCOURT.»

     Journée des harengs