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Les Vécus de nos Adhérents TÉMOIGNAGE D'UN MÉDECIN MILITAIRE DE RETOUR À OUAGADOUGOU. http://picasaweb.google.fr/bresidou/OUMHADJER1956?authkey=rp4M5nzH_Og LE MEDECIN-EN-CHEF PIRAME
D’octobre 1955 à octobre 1975, il sert outre-mer, hors cadres, d’abord en brousse au Tchad, puis dans les hôpitaux d’Ouagadougou, Nouméa, Yaoundé, Saïgon après avoir été reçu aux concours de l’assistanat (1958) et du médicat (1963). Il est médecin-en-chef lorsqu’il est admis à la retraite, sur sa demande, le 2 novembre 1976 après 28 ans de service et totalisant 48 annuités. Du 1er janvier 1977 au 31 mars 1994, il dirige le Centre médical des entreprises travaillant à l’extérieur qui assure de Paris le suivi des expatriés et de leur famille dans le monde entier. En 1978, secrétaire général du syndicat professionnel des anciens médecins des Armées exerçant la médecine libérale et salariée, il siège, en tant que suppléant, au Conseil permanent des Retraités militaires auprès du ministère de la Défense jusqu’en 1993. Les services effectués pendant la période, où il est détaché successivement aux ministères des Colonies, de la Coopération, des DOM-TOM et des Affaires étrangères, seront récompensés par des nominations dans l’Ordre National de la République de Haute-Volta en 1961 à titre exceptionnel, l’Ordre National du Mérite en 1970, la Légion d’Honneur en 1976, et la médaille d’Honneur du Service de Santé à titre exceptionnel. Il a été conseiller municipal de Moissac de 1999 à 2001.
Je viens de passer une semaine à Ouagadougou à l’occasion de la première séance
délocalisée en Afrique de la Société de Pathologie Exotique consacrée aux
progrès des recherches en médecine tropicale, les 2 et 3 novembre dernier au
centre culturel français. Cette manifestation inaugurale a connu un indéniable
succès avec 80 communications orales et affichées, réalisant au-delà des
espérances son objectif de donner principalement aux médecins et chercheurs de
la région la possibilité de présenter leurs travaux.
En toute immodestie, je dois dire que ce fut un triomphe ! Tout en l’espérant un peu, je n’imaginais pas éveiller un pareil intérêt en rappelant ce que j’avait fait à Ouagadougou, où j’étais arrivé à 30 ans en 1959, frais émoulu de l’assistanat, et revenu au début de 1964 après le médicat, que je retrouvais dans mes publications de l’époque au nombre de quatorze pour cinq ans en deux séjours. Il est regrettable que nous désertions depuis déjà trop longtemps les lieux où nous avons tant donné. Nous n’étions que trois anciens militaires : le président de la Société de Pathologie Exotique à qui revient l’initiative de cette délocalisation, Pierre SALIOU (Ly 58), agrégé du Val de Grâce, ancien du centre Muraz, Jean ROUX (Bx 57) ancien lui aussi du centre Muraz et moi-même (Ly Colo 48) qui ai ouvert en 1962 l’hôpital Yalgado Ouédraogo devenu le C.H.U. de Ouagadougou, doyen d’âge de la docte assemblée. Notons en passant que c’est un agrégé du Val de Grâce, Alphonse LAVERAN, prix Nobel en 1907, qui a créé en 1908 la Société de Pathologie Exotique.
Au restaurant de l’Eau vive, les travailleuses missionnaires que j’ai connues à leurs débuts en 1960, ont essaimé à travers le monde. Je les ai vues s’installer à Nouméa en 1970, et elles étaient à Dalat lorsque je suis arrivé au Vietnam en 1973. Elles ont maintenant une trentaine d’établissements de par le monde, où l’on arrête toujours le service du soir pour chanter l’ave Maria. Francis LILIOU, navalais de la promo 66, directeur de la médecine du sport a emmené mon fils, dont cette discipline est le violon d’Ingres en Picardie, à l’arrivée du tour du Burkina, ce qui a débouché sur un projet de partenariat régional.
Ce Lairac doit correspondre à celui qui figure dans l’annuaire des anciens
élèves de l’Ecole de Santé Navale de 1890 à 1989 au titre de la promotion 1890
sorti en 1893 dans la Coloniale. Reste à confirmer ce que me disait en 1959 mon
vieil infirmier major, qui l’avait connu : il serait décédé à Ouagadougou d’une
occlusion intestinale. Mais alors pourquoi son nom manque-t-il dans la liste des
victimes du devoir au Pharo ?
Dans une librairie des galeries marchandes de l’hôtel Indépendance, dont je vis l’ouverture en 1961, je suis tombé sur les Mémoires du général Sangoulé LAMIZANA, ancien président de la République de Haute-Volta après l’éviction de Maurice YAMEOGO en janvier 1966. Il y a tout au long de ces pages une apologie affectueuse des troupes coloniales qui devrait en surprendre plus d’unparmi les contempteurs de notre présence en Afrique, si leur attitude n’était pas avant tout fondée sur le principe de culpabilité qui est devenu dans notre pays l’incontournable pont aux ânes des belles consciences. Il y raconte par le détail comment un jeune broussard, apprenti menuisier après un échec au certificat d’études primaires qui ambitionnait de devenir infirmier médical ou vétérinaire, se retrouva à 18 ans recruté en 1936 à son corps défendant comme engagé volontaire pour quatre ans à l’instigation du commandant de cercle désireux de se débarrasser d’un trublion accusé de tapage nocturne. Enrôlé ainsi inopinément pour faire un tirailleur, il put préparer son CEP et cette fois l’obtenir. Ses brillantes capacités aussitôt remarquées devaient lui permettre, franchissant rapidement tous les grades de sous-officier de devenir un officier français, et combien fier de l’être, faisant campagne en Indochine et en Algérie, décoré de la Légion d’honneur, qui serait en 1961 le premier chef d’état-major de la jeune armée de la Haute-Volta accédant à la souveraineté. A la fin de mon deuxième séjour, il m’avait proposé de revenir, mais avait très bien compris que le désir de ne pas enfermer ma carrière outre-mer dans un même pays me fasse décliner cette marque d’estime. Parmi ses successeurs à la présidence dans la période troublée qui suivit son départ en 1980 il y eut pendant quelques mois un ancien navalais le médecin- commandant Jean Baptiste OUEDRAOGO (Promo 1967). Ce camarade dirige depuis cet éphémère épisode politique la plus importante clinique de la place, et bénéficie du statut d’ancien chef de l’Etat. Malgré un emploi du temps des plus serrés, j’ai tenu à aller saluer à son domicile le Docteur Joseph CONOMBO, qui était maire de Ouagadougou à mon arrivée en 1959, et m’a depuis toujours honoré de son amitié. Formé à l’Ecole de médecine de Dakar pour être médecin auxiliaire indigène, c’est en cette qualité, après avoir été incorporé comme tirailleur sénégalais, qu’il participe au débarquement en 1944 en Corse, à l’île d’Elbe, à Saint-Tropez, et à la campagne de libération jusqu’en Allemagne. Il met à profit son séjour à Paris où il est élu à l’assemblée nationale en 1951 pour présenter une thèse de doctorat sur Jamot, qui lui vaudra le titre de lauréat de la Faculté de médecine, avant d’entrer en1954 dans le gouvernement de Pierre Mendès - France comme secrétaire d’état, à l’intérieur en 1954, aux affaires économiques en 1955. Pour conclure sur un constat sociologique, la fréquentation de nombreux restaurants, qui comptent très cher une cuisine approximative, m’a donné à penser qu’il existe une classe moyenne disposant des revenus appropriés en faveur d’une élévation du niveau de vie, qui, pour ne toucher encore qu’une petite minorité, n’en mérite pas moins d’être soulignée.
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